Sofmer et partenariats




Épelez-moi ! Partenariats : P. A. R. T. E. N. A. R. I. A. T. S.


P. comme… partenariat : le partenariat se définit comme une association active de différents intervenants qui, tout en maintenant leur autonomie, acceptent de mettre en commun leurs efforts en vue de réaliser un objectif commun relié à un problème ou à un besoin clairement identifié dans lequel, en vertu de leur mission respective, ils ont un intérêt, une responsabilité, une motivation, voire une obligation. Le partenariat entre industriels et sociétés savantes entre bien dans cette définition : identification des besoins respectifs, maîtrise réciproque de son autonomie, motivation commune, contractualisation sans équivoque.


A. comme… arrangement. D’emblée évoqués dès l’instant ou l’on évoque une collaboration (quel bien vilain mot, bien trop chargé d’histoire…) médecins-industriels, ces « petits arrangements entre amis » sont toujours vécus ainsi…


De nombreuses sociétés savantes reçoivent de l’argent de l’industrie pharmaceutique. Doit-on pour autant penser que toutes ses sociétés ne sont alors que des pancartes publicitaires de l’industrie et auraient perdu toute déontologie, toute éthique, toute honnêteté…. Certes non ! Même si la tâche est noble, elle mérite toujours salaire. Et ceux qui se refusent à toute idée de partenariat industriel sont souvent des biens nantis. Qu’ils soient à l’abris de toute turpitude financière pour des raisons personnelles, familiales ou conjoncturelles, ou que tout simplement, la problématique de recherche, d’avancée, de dynamisme ne soit pas inscrite dans leur génome… ou dans leur propre charte d’éthique.


R. comme… recherche. Mais aussi comme restriction, comme réduction des crédits, comme rationnement. Les crédits institutionnels (appels d’offre, Inserm, PHRC…) ne suffisent pas (et l’ont-ils suffit un jour ?) à alimenter les grands besoins en recherche dans le vaste (trop vaste ?) domaine du handicap… Il est vrai que la recherche souhaitée par la société savante est souvent différente de celle sollicitée ou diligentée par l’industrie : les compagnies pharmaceutiques font de la recherche pharmaceutique, nous faisons de la recherche clinique, voire pour certains d’entre nous, de la recherche plus fondamentale souvent bien éloignée, au prime abord, des desiderata et préoccupations de l’industrie. Mais tout est histoire de deal ! Et si l’on admet que le prescripteur sera possiblement bien plus bienveillant dans ses prescriptions avec les produits d’un laboratoire qui l’aura convié à un congrès (au mieux très tropical, au pire bien instructif…), pourquoi ne pas imaginer la réciproque avec un industriel plus à l’écoute de demande de subsides de recherche très clinique quand son propre protocole industriel a été mené en temps et en heure, de manière efficace par l’équipe considérée. On en connaît… Si, si…


T. comme… thématique ou plutôt thématiques. Car la Sofmer est très éclectique… Trop diraient certains, heureusement concèderaient d’autres. Si cela peut être imaginé comme une richesse (mais alors pourquoi tant de sessions thématiques à nos beaux congrès de la Sofmer ?), avec mutualisation des compétences, avec ouverture de perspectives par la prise de connaissances de champs voisins à sa propre activité, cette richesse peut aussi désarçonner nos partenaires potentiels : lisibilité imparfaite, confins de la spécialité parfois ésotériques et pas très sexy (le médicosocial a encore sévi…), ultra niches parfaitement individualisées (spasticité, traumatologie du sport, neuro-urologie…) mais pas forcément reliées à notre société… Le grand écart entre la réunion de synthèse et la mise en évidence de la modulation supra pontique du réflexe vésico-pharyngien après administration de NGF dans le ganglion charnu du nerf glycero-sirturien du rat spinalisé et hypophysectomisé est parfois difficile à appréhender même par certains d’entre nous…. Alors, allez demander de nous comprendre à ceux qui nous voient de si loin, par le prisme d’une lorgnette pas vraiment bien calée… C’est peut être de dotations financières marketing dont nous avons peut être le plus besoin…


E. comme… éducation : éducation thérapeutique des patients, éducation des petits docteurs, éducations des grands docteurs, enseignement post-universitaire… Toutes missions incontournables d’une société savante, conjointement et parallèlement à l’action purement universitaire. Mais ces actions de formation coûtent cher, et il n’y a qu’à voir le budget très conséquent de nos congrès de la Sofmer et la nécessité que nous avons eu de nous entourer de compétences comptables et logistiques extérieures. Il est vrai que l’on peut poser la question de la pérennité des congrès sans le soutien, l’intervention, la participation de l’industrie pharmaceutique. Certains y voient la manne financière pour l’organisation de ces manifestations, et le sponsoring direct de nombre de docteurs pour en assurer leur participation. D’autres pensent que privés de ces « touristes invités » (surtout si le congrès a lieu sous des cieux peu cléments en des périodes de l’année bien choisies…), les congrès deviendraient plus studieux, l’écoute et la participation semblant plus optimales quand on paye de sa poche… Mais alors, je suggère que cette formation ne soit pas déductible des impôts, qu’elle soit obligatoire, avec des thèmes choisis par l’université, que les praticiens hospitaliers et libéraux soient remplacés gratuitement sur leur poste, par des praticiens aussi compétents qu’eux, qu’une évaluation qualitative et quantitative soit faite de chacun des participants pour vérifier l’acquisition des connaissances, que… Mais arrêtons là l’utopie… À l’heure de l’essence à deux euros le litre, à l’heure ou viendra bientôt le temps ou la Sofmer sera sommé de publier le bilan carbone de ses congrès, à l’heure ou Internet régente et simplifie tout, à l’heure du e-learning, les grandes messes ont peut être vécues… Peut être que leur seul intérêt désormais est de venir chercher quelques recettes, de valider quelques compétences pratiques au cours d’ateliers… et de prendre connaissance des dernières nouvelles de l’industrie car tous les sons de cloches sont bons à prendre, car il n’y a pas de vérité unique (merci le médiator), car il n’y a pas qu’une compétence (merci l’Afsaps). Plus d’industrie, plus de pub dans nos revues, plus de séminaire de FMC. Et les Saint-Just diront que la presse professionnelle n’est plus polluée par ces actions purement publicitaires financées par et pour l’industrie… Et les Saint-Just diront qu’ils ne resterait qu’une presse juste et objective, pour une claire information des médecins. Au secours Robespierre ! À l’aide Danton ! Et puis, s’il n’y a plus de presse, il nous restera la télé, le café du commerce et les forums du net pour débattre de nos saugrenues atermoiements. Si la Sofmer évoluait dans un monde parfait, cela se saurait… Plus blanc que blanc, pour paraphraser l’immense Coluche…


N. comme… naïveté. Naïveté de croire qu’établir une collaboration est se vendre corps et âme aux suppos de l’industrie. Naïveté pour la Sofmer que de n’avoir pas su tisser depuis longtemps des liens forts et institutionnels avec tous ces industriels. Naïveté d’avoir parfois laissé passer le train. Pris par d’autres sociétés, par d’autres lobbying, par d’autres camarades… Des internes de chirurgie (je ne citerai aucune spécialité…) choyés en séminaire de formation dans une calme abbaye, échangeant avec leurs maîtres au cours de repas deux étoiles, nourris, logés, reçus. Considérés. Des internes MPR sous la tente… Et quand d’alléchantes propositions d’amélioration de l’ordinaire sont venues, Saint-Just, Robespierre et Danton se sont élevés. Va de retro satanas ! Suivait plutôt mon panache blanc… Dont acte… Mais que certains étudiants de certains DIU sont heureux à l’ombre de vieilles pierres, sur des tendres rivages, bercés par ce vent des montagnes… Et si ce modèle marche, pourquoi pas d’autres ?


A. comme… accords et acceptations. On ne saurait le cacher, ce mode d’action qu’est le partenariat est exigeant : il repose sur un degré élevé de collaboration. S’échanger de l’information, se référer des personnes ou coordonner ses actions, cela demande un degré moins élevé de collaboration que l’action en partenariat qui, elle, exige de s’engager dans un projet conjoint. Rien n’est équivoque si les choses sont précisées. Rien ne doit rester opaque. L’industrie a au moins un avantage, c’est d’appeler un chat, un chat. Nous avons trop tendance à prélever un follicule pileux de notre rat de tout à l’heure, de le mirer dans la lumière et tel Newton perplexe en face de sa pomme, de nous demander avec quel instrument, il serait le plus adéquat de le trancher… sans répondre à la vraie question du pourquoi de cette épilation !


Signer un contrat, c’est s’engager. Et bien tant mieux ! Au moins l’industrie ne ressemble pas à certaines de nos grandes institutions hospitalières, voire universitaires : les échéances sont clairement fixées, les objectifs précis, et la contrepartie nette. Dans un sens, comme dans l’autre, il va sans dire…


R. comme… réciprocité. Le partenaire n’est pas une vache à lait. Et là encore, le contrat sauve… C’est une obligation contractuelle qui devient morale et en tout cas incite, une fois les conditions acceptées, aux respects des règles. C’est peut être bien cela la morale…


I. comme… innovation, incongruité, imagination…


Car l’innovation est souvent notre moteur. Car l’innovation est la condition sine qua non de la survie de l’industriel et en tout cas de son conseil d’administration responsable devant les actionnaires de l’augmentation des bénéfices…


Incongruité, car l’innovation scientifique n’est pas forcément pharmaceutique et qu’au contraire, l’attrait de la nouveauté en termes de molécules émergentes ne doit pas nous faire départir d’une prudence médicale (médiator quand tu nous tiens…) Primum non nocere… Ce vieil adage est il compatible avec une collaboration avec un industriel. Oui, si encore une fois les règles du jeu sont claires. Une société savante (ou un médecin), ne doit pas se comporter en représentant de commerce… Son avis d’expert est beaucoup plus riche. Et son éthique dépasse les comptes… d’apothicaire…


A. comme… alternative. Nous avons déjà aborder cette question. La seule solution est parfois la demande de partenariat. Mais demande n’est pas quémande. Et si la Sofmer se veut être et rester une grande société savante, certes elle ne doit pas se vendre, mais elle doit aussi bien se vendre… La crédibilité n’est pas qu’un honneur. C’est aussi une valeur. Un prix. Que les industriels connaissent.


T. comme… tentation. Tentation, car il est parfois plus facile de « quémander », (nous y revoilà…), que de faire… Plus facile de demander quelques aides industrielles que de faire un dossier complet de PHRC ? Plus facile de solliciter quelques invitations de ses docteurs pour un congrès que d’harceler l’administration pour que justice soit faite et que la formation continue ait un sens ? Plus facile de faire un « papier » industriel (rédigé bien sur par un medical writer ) sur une énième comparaison de doses plutôt que d’avoir des idées, d’imaginer de nouveaux mécanismes physiopathologiques, de nouvelles évaluations et de passer pas à pas par les fourches caudines des différents comité de lecture parfois trop enclins à laisser passer ces « papiers » très ciblés industrie en raison du retour potentiel en termes de pages de pub ou de commande de plusieurs milliers de « tiré à part » ? Plus facile ? À voir… Surtout que ce sont souvent les mêmes qui font les deux…


S. comme… sagesse, satisfaction.


Sagesse de nuancer tous ces propos. Car il n’y a pas qu’une vérité. Car il n’y a pas un mode univoque de fonctionnement avec l’industrie. Et qu’a tout instant, la vigilance doit être de règle.


Satisfaction de voir la Sofmer travailler avec l’industrie, de profiter de ces synergies, et d’être désormais souvent acteur dans ces relations.


Satisfaction que de voir les industriels trouver dans la Sofmer un partenaire fiable et parfois incontournable.


Satisfaction que de voir un changement de mentalité au sein de notre société, même si tout le monde ne partage pas les mêmes idées, les mêmes idéaux, et… la même gamelle…


Satisfaction, que d’avoir terminé cet éditorial sans forcément avoir risqué l’exclusion de la société. Mais je peux me tromper…

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Apr 23, 2017 | Posted by in PHYSICAL MEDICINE & REHABILITATION | Comments Off on Sofmer et partenariats

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