Ce numéro des Annales regroupe un certain nombre de travaux de recherche portant sur le rachis. La structure anatomique et fonctionnelle de la colonne vertébrale n’est pas toujours simple à comprendre ou simple à expliquer tant les façons de l’approcher sont variables. Quelques exemples sont apportés dans ce numéro.
Le suivi des courbures sagittales est un domaine en pleine évolution ; les mesures que nous connaissons sont avant tout radiologiques, que ce soit les paramètres pelviens, les paramètres rachidiens ou l’équilibre du rachis (gîte sagittale) ; c’est le mérite de Mme Duval-Beaupère que de nous avoir enseigné l’importance de ces paramètres car ils sont corrélés entre eux et propres à chaque individu. Si aujourd’hui nous pouvons disposer de moyens fiables et non invasifs (par exemple par procédé optique) pour évaluer ces courbures sagittales, c’est tout le champ de l’exploration rachidienne de la forme externe qui va pouvoir à terme en bénéficier. Mais il s’agit d’exploration statique et nous devons encore progresser sur la compréhension du mouvement du rachis lors de la marche, de la course ou lors de tâches simples comme la montée et descente d’escaliers ou le passage assis-debout. Il ne faut pas oublier le thorax, dont l’évaluation biomécanique est mal connue et qui représente pourtant une des clés de réussite des traitements conservateurs des déformations du rachis telles que les scolioses.
Les travaux de recherche sur la scoliose sont innombrables : deux aspects sont discutés dans ce numéro ; d’une part la physiopathologie de la déformation scoliotique et d’autre part la qualité de vie de nos jeunes patients traités par corset rigide ou corset mobile.
Il reste encore beaucoup à faire et à étudier pour améliorer notre prise en charge par traitement conservateur des scolioses en période de croissance. Il faut que nous approchions différemment nos évaluations de traitement conservateur, en privilégiant les études prospectives, les études randomisées et que nous accompagnions nos jeunes collaborateurs dans la démarche, souvent ingrate de la publication comme de la culture de l’évaluation. C’est le cœur de notre métier de médecine physique et notre journal doit en être le vecteur d’informations et le ciment des progrès réalisés.
L’analyse des courbures rachidiennes sagittales selon la classification de Roussouly est indispensable à la compréhension des douleurs, mais le domaine de la lombalgie est beaucoup plus vaste. Nous nous devons de travailler et de réfléchir ensemble afin de pouvoir mutualiser nos connaissances, progresser dans nos stratégies thérapeutiques, proposer des parcours de soins cohérents…
Si nous ajoutons la réinsertion professionnelle aux différents champs d’investigation portant sur le rachis, nous touchons du doigt la complexité de la colonne vertébrale.
C’est pourquoi il s’avère nécessaire de nous retrouver à partir d’un groupe de travail ou d’un forum de réflexion ouvert aux différents acteurs médicaux, paramédicaux, ingénieurs, biomécaniciens, orthoprothésistes, passionnés par le rachis et désireux d’échanger avec d’autres professionnels ayant moins ou plus d’expérience. Nous ne pouvons pas ignorer l’avancée des travaux des sociétés internationales de recherche sur le rachis mais il est parfois difficile d’y être représenté et de pouvoir accéder à la publication. La Sofmer pourrait chapeauter ce groupe, sur le même principe que le forum transdisciplinaire de neuro-Réadaptation qu’elle vient de créer, et nous permettre ainsi de faire le lien entre nos travaux et les sociétés anglophones.
Gageons que nous pourrons ainsi inviter d’autres professions que la médecine physique à venir nous rejoindre pour examiner, explorer, soigner, rééduquer et enfin réinsérer tous les patients qui nous font confiance, et qui attendent de nous que nous potentialisions à chaque instant nos savoirs par une médecine pluridisciplinaire qui n’est autre qu’une médecine de partage.
Déclaration d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.