Le système sanitaire français met en place une politique nationale en faveur de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) . Les circulaires d’avril 2008 inscrivent l’éducation thérapeutique dans les missions des services de soins de suite et réadaptation (SSR) au même titre que les soins, la rééducation et la réadaptation, l’accompagnement à la réinsertion . L’éducation thérapeutique des patients (ETP) est réalisée de longue date au sein des services de médecine physique et réadaptation (MPR) mais souvent de manière non standardisée et sans valorisation spécifique. L’ETP a pour finalité l’acquisition par le patient de compétences d’auto-soins et d’adaptation. Parmi les compétences d’auto-soins, certaines sont primordiales dans la prise en charge des patients en MPR, comme la réalisation de gestes techniques (auto-sondage pour les vessies neurologiques), la mise en œuvre de modification du mode de vie (équilibre diététique et exercice pour les pathologies cardiovasculaires ou le diabète), implication de l’entourage dans la gestion de la maladie et des traitements (place de l’aidant après accident vasculaire cérébral).
Cependant, la prise en charge en MPR ne doit pas se limiter à des stratégies éducatives isolées dont l’impact peut être limité. Ainsi, l’éducation préopératoire avant arthroplastie des membres inférieurs est peu efficace comparativement à une prise en charge globale associant de l’éducation à un programme d’exercices . De même, pour la prise en charge de la lombalgie chronique, si la place de l’éducation thérapeutique est majeure dans les programmes pluridisciplinaires de restauration fonctionnelle, elle est toujours associée à un programme d’exercices et à du reconditionnement à l’effort. Cette éducation contribue à modifier l’attitude et les croyances des patients lombalgiques vis-à-vis de la douleur ; cet effet se maintenant dans le temps alors que l’amélioration des paramètres physiques (souplesse, force musculaire, condition physique) se dégrade plus vite.
Enfin, la MPR a depuis longtemps développé une culture de l’évaluation des représentations de leur pathologie par les patients, contribuant ainsi à l’élaboration du diagnostic éducatif. On peut citer comme exemple dans la prévention des troubles cutanées chez le lésé médullaire, le SMnac dont une adaptation en langue française est en cours.
Le conseil d’administration de la Sofmer a inscrit l’ETP dans son plan d’action 2009 afin de promouvoir la mise en place d’une ETP structurée et adaptée au mode d’exercice de la MPR en réponse aux recommandations de la HAS concernant l’élaboration d’un programme structuré d’ETP . Ces recommandations incitent les sociétés savantes à s’investir dans l’élaboration de ces programmes si possible en partenariat avec des associations de patients.
Le but de cette démarche est double : d’une part, participer à l’essor scientifique de l’ETP dans le domaine de la MPR, en favorisant la création d’outils de diagnostic d’éducation thérapeutique et la mise en place d’essais cliniques, d’autre part, de réaliser, à terme, des référentiels, voire des recommandations, pour la pratique médicale dans le champ des pathologies chroniques prises en charge en MPR en s’appuyant sur les données probantes de la littérature adaptées aux soins courants.
La Sofmer souhaite faire valoir la place importante occupée par la MPR dans l’éducation thérapeutique pour de nombreuses pathologies chroniques. La création d’un groupe investi dans la recherche et la mise en place de programmes structurés d’éducation thérapeutique au sein de la Sofmer doit permettre de couvrir les différents champs d’intervention de la discipline. Cette démarche scientifique doit être adossée à une réflexion en association avec les tutelles sur la valorisation financière de l’activité d’ETP dans le champ des services de SSR.