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English version
For a long time we thought all was lost. The 20th century was dominated by Ramon y Cajal dogma: neurogenesis does not occur in the adult mammalian brain. Once the childhood learnings are done with, the mature brain is destined to an ineluctable decline. Owing to this doctrine, nothing could be done for the damaged brain. However, physicians noted changes in their patients over time: physiotherapy and occupational therapy seemed to improve the patient’s state. Everything remained empirical and confused. Some therapists proposed complex techniques that could improve patients. I started the medical specialty of Physical Medicine and Rehabilitation at that time, which seems now quite removed. Rehabilitation techniques all bore last names: Bobath, Kabat, Brunstrom, Vojda. One needed to domesticate them, much like martial arts, understand their nature, as well as conquering belts and Dan ranks in a way.
Then history moved faster: the development of functional neuro-imaging was a revolution. Brain plasticity initially described in the pleasant marine snail Aplysia, rats or marmoset monkeys became a reality in humans. In fifteen years, we have learned to tame this phenomenon. No neurorehabilitation specialist can ignore the importance of brain plasticity mechanisms. We also discovered that brain plasticity could be maladaptive, that we had a lot to learn from specialists in motor learning and that efficacy resided more in the “just do” than the “know how”. Finally, we also learned that brain plasticity had limits and we needed to find new solutions for tomorrow.
This special issue of the Annals is the result of an interface session between the SOFMER and the INSERM organized around this thematic, during the SOFMER conference in Toulouse back in 2012, to understand the techniques available today and start to approach the ones that will be available tomorrow, via brain stimulation or stem cell therapy.
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Version française
Longtemps nous avons cru que tout était perdu. Le XX e siècle était dominé par le dogme de Ramon y Cajal : les neurones ne font pas de mitoses. Passé les apprentissages de l’enfance, le cerveau mature était voué à un inexorable déclin. Pour le cerveau lésé, rien n’était donc plus possible. Pourtant, le praticien notait, de son côté, les changements du patient au fil du temps : la kinésithérapie et l’ergothérapie semblaient améliorer l’état du malade. Tout restait empirique et confus. Quelques thérapeutes proposaient des techniques complexes pouvant améliorer le patient. J’ai commencé la spécialité de médecine physique et de réadaptation à cette époque qui semble maintenant déjà reculée. Les techniques de rééducation portaient toutes des noms propres : Bobath, Kabat, Brunstrom, Vojda. Il fallait les apprivoiser tels des arts martiaux, en comprendre l’esprit, conquérir ses ceintures et ses dans en quelque sorte.
Et puis l’histoire s’accéléra : l’arrivée de la neuro-imagerie fonctionnelle fut une révolution. La plasticité cérébrale initialement décrite chez l’aplysie, sympathique gastéropode marin, le rat ou le marmouset, devenait une réalité tangible chez l’Homme. En une quinzaine d’années, nous avons appris à dompter ce phénomène. Il n’est plus de spécialiste de la neuroréadaptation qui ne puisse ignorer l’importance de ces mécanismes de plasticité cérébrale. Nous avons découvert aussi que la plasticité cérébrale pouvait être inadaptée, que nous avions beaucoup à apprendre des spécialistes de l’apprentissage moteur, et que l’efficacité était plus dans le « faire » que dans le « savoir-faire ». Nous avons appris enfin que la plasticité cérébrale avait des limites et qu’il nous faudrait trouver de nouvelles solutions pour demain.
Ce numéro spécial des Annales est le résultat d’une session d’interface entre la Sofmer et l’Inserm, organisée autour de ce thème, lors du Congrès de la Sofmer à Toulouse en 2012. Il se propose de faire le tour de ces deux dernières décennies d’étude de la plasticité cérébrale chez le patient victime d’AVC, pour comprendre les techniques actuelles et se projeter vers celles de demain que ce soit par stimulations cérébrales, médicaments ou cellules souches.